On appelle cela un gros week-end : deux manches de Coupe du monde coup-sur-coup, et pas les moins difficiles : Hulst et Zonhoven. Le « Kuil » (la fosse) ensablé, un deuxième jour de compétition, ça vous marque un corps, serait-il le mieux entraîné au monde.
À un mois du mondial de Liévin, ces deux jours furent donc riche d’enseignement quant au statut des favoris. Si la course au titre semblait jusque-là très ouverte, et qu’elle le reste chez les femmes, le retour de Mathieu Van der Poel, il faut bien le dire, semble compromettre le suspense.
Hulst : la première fois de Schreiber et Vandeputte
C’est Marie Schreiber qui a triomphé samedi à Hulst, dominant la course de bout en bout – et remportant là sa première victoire en Coupe du Monde. La Luxembourgeoise a pris la tête d’entrée de jeu, suivie de près par sa coéquipière Kata Blanka Vas. Lucinda Brand, dont le nouveau départ raté semble dû pour cette fois à un problème mécanique, a dû une fois de plus rattraper son retard. Schreiber a rapidement imposé un très gros rythme, bouclant le premier tour avec 11 secondes d’avance sur une Zoe Bäckstedt très active, cependant incapable de réduire l’écart : 28 secondes à mi-course. C’est finalement Lucinda Brand, revenue du diable vauvert, qui a est passé près de l’exploit, se rapprochant à 16 secondes au seuil du dernier tour. Mais Schreiber a assuré, elle a gardé son calme et a conservé la tête jusqu’à la ligne d’arrivée. Une excellente Puck Pieterse vient prendre la 3ème place.
Chez les hommes, ce fut une première aussi pour Niels Vandeputte – et selon un scenario assez similaire à celui écrit par Marie Schreiber une heure auparavant. Le Belge d’Alpecin a mené de bout en bout, imposant immédiatement son tempo et creusé l’écart sur ses adversaires immédiats, en tête desquels Lars van der Haar et les deux compères de l’équipe Pauwels Sauzen-Bingoal, Michael Vanthourenhout et Eli Iserbyt. On assista à quelques erreurs – et aux chutes consécutives – parmi les acteurs principaux, dont Vanthourenhout, Iserbyt et van der Haar, alors que Vandeputte ne commettait aucune faute de son côté, portant son avance à 30 secondes à mi-course. On vit alors Felipe Orts sortir du chapeau et entreprendre une poursuite solitaire. L’Espagnol, avec qui il ne faut décidément pas oublier de compter, revient à 10 secondes de Vandeputte, incontestable vainqueur, tandis que Pim Ronhaar complétait le podium au détriment d’Iserbyt.
Zonhoven : Alvarado encore, et Van der Poel déjà
On aurait pu croire/craindre un recommencement, en voyant Marie Schreiber faire un départ canon, flaqué de Zoe Backstedt dans sa roue, laquelle prenait rapidement l’avantage sur la Luxembourgeoise. C’était sans compter sur Ceylin Carmen del Alvarado, déjà victorieuse la semaine précédente à Namur. Partie plus lentement, Alvarado rattraperait un groupe composé de Lucinda Brand et Blanka Vas. Après un deuxième tour marqué par des accélérations, Backstedt avait 22 secondes d’avance. Puis Lucinda Brand attaquait à mi-course, avant de commettre, sous l’averse de grêle, une erreur malheureuse. C’est là qu’Alvarado surgissait, rejoignant Brand puis Backstedt, avant de profiter d’une nouvelle erreur de Brand pour s’échapper définitivement. Dans le dernier tour, Alvarado a creusait un écart suffisant malgré le rapproché d’une Backstedt très en jambes, tandis que Brand prenait la troisième place.
La saison était assez passionnante, les courses pleines de rebondissements. Et puis, il est revenu. Pour sa rentrée, Mathieu Van der Poel n’a pas fait dans le détail. Mais dans la dentelle peut-être, tant il ajoute à ses étonnantes capacités physique une parfaite précision de pilotage – qui lui permet de tracer dans le sable des trajectoires d’une parfaite netteté. Dès le premier tour, le champion du monde en titre a pris la tête avec une accélération fulgurante, creusant un écart de 21 secondes sur Toon Aerts et tous les autres favoris. Il est vite apparu que derrière lui, on ne lutterait plus que pour le podium. Dans la sablière, Thibau Nys et Pim Ronhaar se sont livré à une sévère explication. Après une série d’erreurs du Néerlandais, c’est Nys qui prit un avantage d’abord léger, puis de plus en plus solide. Mais à l’avant Van der Poel semblait tranquille et intouchable.
La compétition pour la troisième place était plus ouverte, qui vit Joran Wyseure s’imposer devant Toon Aerts. Le roi Van der Poel n’a pas tant gagné une manche que, probablement, atteint ses adversaires au moral.